Mes chers frères !
Le terme îssâr signifie littéralement « préférer les autres à soi-même ». Sur le plan moral, c’est le fait qu’une personne, même dans le besoin, donne de ce qu’elle possède à son frère. L’îssâr est donc le plus haut degré de la générosité qui reflète la perfection de la foi et de la fraternité. Dans le Coran, Allah le Très-Haut fait l’éloge de cette qualité en disant : « Ils préfèrent leurs frères croyants à eux-mêmes, même s’ils sont dans le besoin. » [1]  Notre Prophète (saw) a également fait de l’îssâr un instrument de mesure de la foi en disant : « Aucun de vous n’aura vraiment la foi tant qu’il n’aimera pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même. » [2]  

Chers musulmans !
Les plus beaux exemples de l’îssâr se trouvent dans la vie du Messager d’Allah (saw) et de ses compagnons. Jamais le Prophète (saw) ne refusa une demande. Un jour, alors qu’on lui avait offert un tissu dont il avait lui-même besoin, il le donna à un compagnon qui le lui demanda. Quant aux Ansârs, ces Médinois qui ont soutenu l’islam dans les moments de difficultés, ils partagèrent leurs biens avec les Mouhâjirs, c’est-à-dire les musulmans de La Mecque qui s’étaeint exilés pour pratiquer librement leur foi à Médine. Par exemple, le compagnon médinois Sa’d ibn Rabî (ra) proposa au compagnon mecquois Abdurrahmân ibn Awf (ra) de partager sa fortune en deux. Un autre exemple de l’îssâr s’illustre lorsque le compagnon Abû Bakr (ra) donna la totalité de ses biens tandis qu’Omar (ra) en donnait la moitié pour la cause de l’islam. Ces exemples montrent l’importance de l’îssâr et donc du mérite de préférer son frère à soi-même.

Chers croyants !
Nous vivons à l’époque de l’individualisme et du matérialisme. Les gens sont de plus en plus isolés, et la confiance et la solidarité reculent. Les crises économiques, les catastrophes, et les guerres mettent des millions de personnes dans le besoin. Dans un tel monde, l’îssâr est une nécessité pour la renaissance de l’humanité. L’îssâr purifie les cœurs de l’avarice et de l’envie d’avoir toujours plus. Il renforce les sentiments de bien-être dans la famille, de confiance dans la société, et de respect mutuel dans l’humanité.

Chers fidèles
Notre devoir est de faire vivre cette belle morale de l’îssâr dans notre quotidien : consacrer une partie de notre argent pour les pauvres mais aussi pour tout ce qui va profiter à la société, visiter les malades, aider les personnes âgées, transmettre notre expérience aux jeunes. Mettre en pratique l’îssâr, cela peut se faire également par des gestes très simples du quotidien. Par exemple, céder le passage lorsqu’on est en voiture, laisser passer quelqu’un dans une file, respecter le droit de son collègue au travail.

Préférer les autres à soi-même est une qualité qui attire la satisfaction d’Allah. Le Messager d’Allah (saw) a dit dans un hadith : « Le meilleur des hommes est celui qui est le plus utile aux autres. » [3] On dit que celui qui peut ressentir sa propre douleur est un être vivant ; mais celui qui ressent la douleur d’autrui est véritablement humain. Les activistes de la Flottille internationale Sumud incarnent bien cette volonté de ne pas rester silencieux face à l’injustice faite aux autres, et de mettre en oeuvre l’îssâr.

En tant que croyants, nous devrions donc mettre en pratique l’îssâr dans nos familles et notre société. N’oublions pas que dans notre cause, personne ne vit uniquement pour soi : chacun vit aussi pour son frère. C’est là la voie la plus efficace pour lutter contre l’égoïsme et l’indifférence.

Qu’Allah nous permette d’atteindre le bien en partageant ce que nous aimons ^[4], et qu’Il nous couvre tous de la morale de l’îssâr. Âmîne.

[1] Sourate Hachr, 59:9

[2] Tirmidhî, Sifatou’l-Qiyâma, 59

[3] Boukhârî, Meghâzî, 35

[4] Sourate Âl-i İmrân, 3:92

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